Les compulsions alimentaires : de quoi s’agit-il précisément et comment s’en libérer ?

Une compulsion alimentaire est un comportement actif, sélectif, portant sur des aliments appréciés, qui répond à une envie de manger et non pas à une sensation de faim. De manière immédiate elle est générée par l’angoisse et son effet « anxiolytique » est ponctuel, d’où la répétition du comportement.

Qu’est-ce qu’une compulsion alimentaire ?

Le terme de compulsion alimentaire est employé pour définir une frénésie alimentaire accompagnée de pensées assorties d’émotions contradictoires plus ou moins fortes tels que le bien-être et l’apaisement immédiats, la culpabilité, le sentiment de responsabilité, la honte voire le dégoût de soi, l’envie de recommencer. La personne concernée s’inscrit elle-même dans un cercle dit vicieux dans lequel elle a l’impression de « craquer » ou de « lutter pour ne pas craquer », ce, de manière continue et cyclique.

Pour parler nomenclature en quelques mots, l’HAS – Haute Autorité de Santé – propose de considérer les compulsions alimentaires dernièrement citées comme des « TCA non-spécifiés avec comportement hyperphage ».

Le terme de « compulsions subsyndromiques » semble approprié pour décrire ces accès à la fois impulsifs et compulsifs qui ne répondent pas à la définition complète de l’hyperphagie boulimique.

Comment débute une compulsion alimentaire ?

Une compulsion alimentaire se traduit généralement par le caractère immédiat d’une envie de manger soudaine à assouvir. Une envie profonde « plus forte que soi », c’est-à-dire qui impose la notion de lutter pour résister ou bien celle de l’impossibilité de lutter justement. Comme si « quelque chose de mal » était en train de se produire dans ce comportement, quelque chose comme la non-maîtrise, la perte du contrôle du comportement alimentaire qui est alors considérée comme sanctionnable.

Nous pouvons alors imaginer, sinon sans ressentir, la douleur morale infligée : celle de se voir impuissant.e face à un comportement à la fois auto-induit et non voulu avec une importante part de responsabilité ressentie.

Outre les émotions désagréables ressenties plus ou moins fortement, le sentiment de perte de contrôle est au centre des compulsions alimentaires. Effectivement, la finalité de cette lutte intérieure est la perte de contrôle.

D’ailleurs, la notion de perte de contrôle est considérée comme l’élément précurseur de l’hyperphagie boulimique.

Comment s’en libérer ?

La citation « le meilleur moyen de se délivrer de la tentation, c’est d’y céder » d’Oscar Wilde prendrait alors tout son sens. En effet, en thérapie sur les comportements alimentaires, il est dans un premier temps conseillé et même encouragé de céder aux tentations, aux interdits.

Bien entendu, ceci est à envisager lors d’un accompagnement thérapeutique, c’est-à-dire qu’un cadre est posé et qu’une manière de procéder est clairement expliquée. Il ne s’agit pas de succomber à toute envie de manger sous prétexte que la privation est nuisible ou que le thérapeute « donne l’autorisation ». La notion de cadre est très importante, de même que la pédagogie des compulsions alimentaires, des privations, du contrôle mental.

En effet, l’engrenage des compulsions alimentaires commence par une privation alimentaire quelle qu’elle soit.

Sortir de l’engrenage…

Les diktats de la minceur, les injonctions relatives à l’alimentation, le « diététiquement correct », les croyances alimentaires auto-induites ou apprises par l’éducation, le temps consacré aux « influenceurs et influenceuses » des réseaux sociaux, la volonté de perfection, le plaisir recherché dans le fait de se priver ou de faire l’effort de résister (aux gras, aux sucres comme l’on peut facilement l’imaginer) en sont des exemples d’actualité.

Aborder le thème de la privation revient à parler du contrôle mental exercé sur l’alimentation. De manière très concrète et à titre d’exemple, ce contrôle mental conscientisé ou non s’exerce notamment quand on limite la quantité de pâtes à une portion donnée alors qu’on se servirait davantage, quand on prévoit une collation à une heure donnée dans l’après-midi afin de moins manger le soir car il est dit que le soir « c’est mieux de manger léger ». Le contrôle mental revient à se dire « il ne faut pas que je mange entre les repas, ce n’est pas bien ». C’est se dire « allez, je m’autorise un ou deux carrés de chocolat après ce repas comme ça je me fais plaisir maintenant et j’évite tout dérapage plus tard » ou encore « je dois prendre un petit-déjeuner pour bien démarrer la journée »…

Les exemples sont multiples, selon l’éducation reçue avec son lot de croyances alimentaires et de règles diététiques, selon son vécu émotionnel, selon l’histoire de son poids, selon le rapport entretenu avec son corps, selon ses propres règles alimentaires…etc bien entendu le propos n’est pas de porter un quelconque jugement mais bel et bien de déconstruire progressivement chacune des règles et croyances afin de se libérer des interdits alimentaires qui se sont installés dans le quotidien de manière consciente ou inconsciente.

… en étant accompagné

La prise de conscience est essentielle. C’est la première marche des escaliers. Elle n’est possible qu’avec l’aide de professionnels, formés aux troubles alimentaires.

La déconstruction de celles-ci est un des premiers moyens mis en place pour se libérer peu à peu des compulsions alimentaires. Elle se fait de manière scientifique, fondée sur des arguments biologiques et physiologiques. Elle est couplée à la manière particulière de succomber sur le moment aux envies émotionnelles de manger compulsives, citée précédemment.

Ainsi, par le cadre posé en thérapie et l’application de ces méthodes, la libération des interdits alimentaires permet pas-à-pas de mettre un terme aux compulsions alimentaires. Cette libération est généralement vécue comme une réelle renaissance. Chaque pas détaché de toute compulsion alimentaire compte et est à considérer comme une victoire.

Ensuite, la thérapie se poursuit ou pas, selon la problématique initiale et la motivation de la personne concernée.

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