Selon les travaux réalisés par l’Institut de Médecine Environnementale et menés notamment par Jacques Fradin, médecin comportementaliste, le stress est un indicateur d’un dysfonctionnement cérébral intrinsèque.
Le stress, une question de perception
En effet, une situation n’est problématique et stressante que si notre cerveau la perçoit comme telle. Autrement dit, le stress est un état qui correspond à une perception limitée d’une situation nouvelle, complexe, inconnue sans adaptabilité possible sur le moment. C’est cette notion d’adaptabilité qui est au cœur du processus de stress.
Celui-ci peut être vu comme un indicateur d’un raisonnement irrationnel sur l’instant et pourvoyeur de comportements inadaptés. Ainsi, dans les troubles du comportement alimentaire au sens large, les compulsions alimentaires sont une réponse, certes inadaptée, à une situation vécue comme stressante.
Deux modes mentaux, recrutés de manière différente
Grâce aux neurosciences qui reprennent et approfondissent les travaux réalisés sur les modes mentaux, on distingue deux aptitudes principales du cerveau. L’une consiste à gérer les situations connues et permet ainsi la maîtrise des évènements du quotidien, elle correspond au mode mental par défaut dit automatique. La seconde consiste à organiser la pensée avec une vision plus souple, logique, nuancée bref plus intelligente des situations nouvelles qui se présentent pour une meilleure adaptabilité. Elle correspond au mode mental adaptatif.
Le mode mental automatique est piloté par les zones médianes et postérieures du cortex cérébral, le mode mental dit adaptatif est, lui, piloté par le cortex préfrontal.
La gestion du stress appliqué au comportement alimentaire
La mise en application de cette approche est rendue possible dans le domaine du comportement alimentaire par différents “exercices” qui peuvent être proposés aux personnes qui présentent un trouble des conduites alimentaires.
L’objectif est de réfléchir, en thérapie, à une situation problématique concrète susceptible de déclencher (à nouveau) une compulsion alimentaire. La réflexion logique permet ainsi d’apporter davantage de cohérence et de sens pour la personne concernée.
De manière concrète, l’exercice « pyramide moyens-exigences » est proposé, parmi d’autres, pour envisager la problématique sous un autre angle de vue. Et de se poser les « bonnes » questions : si problématique il y a, alors comment peut-on la redéfinir et quels sont les moyens mis en place pour atteindre les nouveaux objectifs posés. C’est ainsi que le cortex préfrontal est mobilisé le temps de l’exercice lui-même et après celuici. Il permet de ce fait des prises de conscience et des prises de décision de manière adéquate et aisée.
En résumé
Si le stress est la cause première des troubles du comportement alimentaire, il est tout-à-fait possible de s’entraîner à percevoir la situation stressante autrement.
La proposition est ainsi de s’exercer à diminuer de manière progressive mais nette la frénésie alimentaire caractéristique des compulsions alimentaires. Ceci afin d’adopter un comportement alimentaire fonctionnel, adapté et surtout apaisé.